lundi 10 mai 2010

Namibie, un voyage nature en trois dimensions ....

Le massif du Spitzkoppe
Montagne, mer, désert....
Montagne avec ce fameux Spitzkoppe, piton de granit orange érigé au milieu de la steppe désertique du Damara Land que nous avons gravi en ouverture.
Mer en suivant les rivages sablonneux de l’Atlantique sud entre Cape Cross et Walvis Bay .
Désert abricot de sable et de pierres exploré en trois jours de marche dans le Namib .

Captain écolo bigorneau, je suis parti avec mes amis explorer cette région du bout du monde avec mon oeil d’expert en développement durable : que se cache-t-il derrière ces paysages merveilleux?? quelle est l’empreinte des hommes sur l’environnement dans cette jeune république (1990) qui se découvre une soudaine vocation touristique ??

Le Spitzkoppe pour commencer se situe à près de 400 km dans le sud ouest de la capitale Windhoek et environ à la même distance de l’océan atlantique, dans un parc naturel géré par une communauté Damara. Peu connu des européens, c’est un haut lieu de l’escalade en terre australe, fréquenté par de nombreux grimpeurs sud africains. En dehors de la voie normale qui mène au sommet, le massif recèle plusieurs longueurs de différents niveaux, toutes fort bien équipées, dans un granit très adhérent. Les bivouacs sont autorisés dans des «camp sites» protégés par de grands acacias et munis de poubelles dans lesquelles les visiteurs vident leurs déchets, si bien que rien ne traine nulle part. Pour le reste, nous étions équipés de toilettes sèches ce qui évite de disséminer des papiers dans la nature....


La voie normale pour le sommet est relativement fréquentée. Nous l’avions découverte et gravie une première fois pendant l’été 2008 avec François Pallandre guide grimpeur de Chamonix, un de mes copains summiter de l’Everest... C’est une belle escalade mixte qui débute par une longue marche d’approche bien raide au milieu de blocs erratiques et d’épineux agressifs avec quelques passages où il faut sérieusement se servir des mains. Après une diabolique fissure qui permet de changer de face, un premier rappel emmène au début de l’escalade proprement dite qui consiste en 4 ou 5 longueurs aériennes avec quelques passages clés en 6a+, le tout équipé sommairement ce qui nécessite d’emporter une batterie conséquente de friends et coinceurs.... Le retour s’effectue par 3 superbes rappels pendulaires de 50 mètres chacun.
De quoi meubler une bonne journée en partant potron-minet à la lueur des frontales. Côté environnement, on ne peut pas dire que les grimpeurs locaux laissent traîner trop de choses sur leur passage.... Les rares bouteilles vide en plastique et déchets que nous avons trouvées avaient été probablement laissées par des chercheurs de cristaux d’améthystes malheureusement moins soucieux de préserver la nature.

Après trois jours passés à grimper, nous roulons vers l’ouest et la mer, à travers de sublimes paysages désertiques à perte de vue.

Cap à l'ouest vers l'Océan atlantique

Nous arrivons ainsi à Cape Cross , cap rocheux isolé au milieu de cet interminable littoral de sable long de presque 2000 kilomètres , lieu de débarquement des premiers découvreurs portugais au milieu du quinzième siècle (1486). A part un lodge confortable construit récemment sur la plage, rien n’a changé depuis cette époque. Une immense colonie d’otaries attirées par les eaux froides et la chaleur des rochers occupe les lieux depuis ce qu’il semble être une éternité dans un concert ininterrompu de cris rauques ou perçants en dégageant une odeur épouvantable. Délaissant le promontoire réservé aux touristes, je m’aventure en terre interdite (nous sommes dans un parc national) un peu plus loin sur la plage pour m’approcher de cet énorme troupeau. Le sol est jonché d’ossements blanchis par le soleil car ici la nature est impitoyable : oiseaux de mer et chacals viennent régulièrement faire leur marché en attaquant sans vergogne les nouveaux nés délaissés par leurs parents qui font impavides la sieste un peu plus loin...

Marée d'otaries près du Cape Cross

A part cela très peu de déchets d’origine humaine. C’est d’ailleurs ce qui me surprend en arpentant ce rivage des mers australes, cette propreté à laquelle nous ne sommes plus habitués nous autres bretons ou méditerranéens. Mais, il ne faut pas se leurrer : les raisons en sont tout d’abord le faible trafic maritime dans le secteur (2 ports de commerce pour 2000 km de côte) et l’infime fréquentation humaine (quelques pêcheurs à pied venus de Walvis Bay et Swarkopmund les seules villes dans une ronde de 1000 km), ensuite les navires ont plutôt tendance à s’écarter de cette zone rendue dangereuse par la violence des courants et le peu de visibilité, comme en témoignent les nombreuses épaves qui jalonnent cette côte au nom évocateur de Skeleton Coast.
Je ferai d’ailleurs ces mêmes observations écologiques lorsque nous naviguerons en kayak de mer au milieu des otaries et des dauphins le long de la lagune de Walvis Bay même si cette partie de la côte est voisine du seul port de commerce de l’endroit et plus fréquentée par les touristes. Ici, les mammifères marins ne risquent pas de mourir en ingérant par erreur des sacs plastiques.... et c’est tant mieux.

Kayak de mer et otaries à Walvis Bay

Ensuite nous avons traversé une partie du désert du Namib.... Trois jours de marche par étapes d’une vingtaine de kilomètres chacune au milieu de longues dunes abricot, à travers de plaines immensément arides, au fond d’oueds secs rafraichis par l’ombre miséricordieuse des inévitables acacias. Nous marchions le matin et l’après-midi, légers de bivouacs en bivouacs érigés par une minimaliste mais efficace équipe logistique à proximité des rares villages de bergers.

Marcher dans le désert....

Nous dormions à la belle étoile à même le sol sablonneux des oueds en évitant de penser au voisinage des inévitables cobras et autres bestioles. Peu de villages, peu d’habitants, peu de rencontres, un grand silence traversé seulement par la plainte lancinante du vent du désert. Une nature vierge et propre : les namibiens ont l’habitude de brûler systématiquement tous leurs déchets. C’était d’ailleurs la façon de procéder de notre équipe logistique qui effectuait chaque matin un tri systématique de nos restes avant d’incinérer tout ce qui paraissait consumable et en particulier nos emballages plastiques, bouteilles d’eau vide, etc... On peut simplement se poser la question de l’impact écologique de ce genre de pratique qui a comme seul avantage de ne pas laisser de traces ....

Gestion des déchets au bivouac...!!!

De retour à Paris par ce mois de mai frigorifique, je recommande bien entendu très fort à tous les amoureux de la nature et des grands espaces vierges ce voyage extraordinaire, décalé (surtout en hiver) et très décapant.

Pour conclure je tenterais volontiers une jolie «Lapalissade environnementale» : les endroits les plus pollués sont ceux où la concentration humaine est la plus forte....
Ce n’est évidemment pas le cas en Namibie où la densité humaine est extrêmement faible , un peu plus de 2 habitants par kilomètre carré... A cela s’ajoute forcément l’historique de la colonisation allemande au 19 siècle et l’empreinte germanique sur tout le pays quand on sait que nos voisins outre Rhin sont des modèles en ce qui concerne la préservation de notre planète.

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