mardi 22 mars 2022

REGAIN D’OPTIMISME AVEC THE FLIPFLOPI PLASTIC REVOLUTION AU KENYA




Lamu Kenya Mars 2022


En luttant avec obstination contre la prolifération massive des détritus plastiques sur le sol africain , l’équipe d’activistes Kenyans de FlipFlopi Plastic Revolution apporte un rayon de soleil bienvenu dans un environnement magnifique  souillé implacablement par les déchets. 

Le team Flipflopi c’est une quarantaine de personnes engagées, anglais vivants au Kenya , africains kenyans d’origine swahili ou arabe, plus quelques français dont j’ai la chance de faire partie, constructeurs de bateaux, marins, scientifiques, intellectuels, aventuriers, tous persuadés qu’il est urgent d’agir pour protéger nos océans, notre planète et l’avenir de nos enfants !

Le FlipFlopi c’est un Dhow, bateau traditionnel de pêche et de commerce, construit exclusivement à partir de déchets plastiques collectés sur les rivages de l’Océan Indien. Avec sa coque recouverte de milliers de « tongues » multicolores compressées (d’où son nom) il attire l’oeil et accompagne toutes nos expéditions, démonstration concrète qu’il est possible de valoriser les déchets plastiques plutôt que les laisser gagner les fleuves et les océans.


Après une première expédition sur l’île de Zanzibar et les rivages proches de Mombasa le plus grand port local où débarquent régulièrement des containers de déchets provenant d’Europe et des Etats Unis (!), suivi d’un voyage d’exploration d’un mois sur le Lac Victoria en mars 2021, l’équipe Flipflopi était de nouveau sur le terrain en février dernier dans l’Archipel de Lamu au Kenya, lieu d’origine de l’organisation  et pays réputé pour la fabrication des Dhows. 


UNE SITUATION ALARMANTE


Le premier objectif de ce troisième voyage était de dresser un état des lieux de la pollution plastique sur les 300 kilomètres de côtes de l’Archipel en cartographiant méthodiquement la situation des déchets afin de comprendre leur provenance et leur impact sur les écosystèmes. L’autre objectif était de rencontrer les communautés locales et  leur proposer des solutions pour mieux gérer leurs déchets.

Pour cela, nous étions un groupe d’une trentaine de personnes répartis sur deux bateaux, comprenant en plus des marins deux équipes de scientifiques, l’une spécialiste des fonds marins et l’autre des écosystèmes rencontrés,  en particulier des mangroves la plus importante source de revenu des populations locales.  

Au fur et à mesure de nos navigations dans l’archipel et de nos escales sur les îles, nous avons été affligés par la prolifération des déchets de toutes sortes aux abords et dans les villages et au coeur des mangroves qui sont particulièrement atteintes. Le problème principal avec les mangroves c’est la présence de déchets plastiques en tout genre qui  détériorent les écosystèmes voisins et empêchent la régénération des espèces endémiques de poissons, ce qui risque d’avoir à terme de lourdes conséquences sur la pêche, un autre revenu essentiel et une source de nourriture pour les populations de l’archipel.

D’autre part, en ce qui concerne les résultats de nos prélèvements d’eau de mer effectués régulièrement à l’aide de notre filet Manta et  disponibles seulement dans quelques mois, nous nous attendons à enregistrer une forte concentration de micro-particules nocives après avoir déjà constaté, à l’oeil nu  la présence de micro-déchets dans tous nos relevés .


UN REGAIN D’OPTIMISME


Mais ces constatations alarmantes sont éclairées par quelques rayons de soleil qui apportent un  regain d’optimisme pour l’avenir.


Tout au long de notre périple nous avons été enthousiasmés par l’accueil des populations locales et de l’intérêt porté aux solutions proposées. Un réel encouragement pour nos actions qui me semblent parfois de vaines « donquichotteries »!  Nous avions emmené avec nous un « broyeur » de démonstration fabriqué à partir d’un vélo tout terrain et un modèle simple d’ « extruder » qui nous permettait d’effectuer des démonstrations  sur les places des villages, dans les écoles et parfois même à bord du FlipFlopi ! 

Tout cela pour mettre en lumière des solutions de valorisation immédiate des déchets et plus précisément concernant la construction de pirogues et barques de pêche locales en place et lieu du bois des mangroves, plus difficile à travailler et surtout se détériorant plus vite que le produit issu des déchets plastiques recyclés, matériau de construction de notre Flipflopi qui navigue vaillamment, sans accident, depuis maintenant 5 années. 


Et cela conduit au futur projet de l’organisation Flipflopi de mettre en place à Lamu un véritable centre de construction de bateaux à partir de matières plastiques recyclées qui accueillerait  de nombreux élèves constructeurs afin de renouveler la flotte de Dhows qui doit rester le bateau traditionnel et emblématique des côtes de l’Océan Indien, tout en mettant en place une économie circulaire bienvenue dans le pays.

Ce sera un pas supplémentaire vers la valorisation des déchets plastiques grâce à ces solutions de recyclage adaptées  au Kenya et transposables dans d’autres pays en voie de développement, mais sans oublier que le recyclage est « la dernière roue du carrosse » et que les vraies solutions doivent être trouvées en amont par une diminution et une adaptation de la production des matières plastiques en supprimant de manière drastique tous les produits inutiles.


LUEUR D’ESPOIR


Autre lueur d’espoir dans notre monde bouleversé par tant de conflits inutiles , l’ incroyable nouvelle des accords passés entre 175 nations à Nairobi au moment où s’achevait notre voyage,  résolution historique contraignante qui devrait mettre fin à la pollution plastique avec entre autres la suppression des emballages à usage unique et la conception de matériaux réutilisables et recyclables.


Nous espérons simplement que ces belles résolutions seront tenues et ces accords respectés afin d’arriver à une économie circulaire indispensable  pour le bien être de tous. Rappelons simplement qu’aujourd’hui, chaque année, quelques dix millions de tonnes de plastiques sont déversées  dans les océans et se transforment en milliards infinis  de  micro-particules toxiques  qui tuent le plancton, impactent les 800 espèces marines et côtières, empoisonnent l’air que nous respirons !


Cette année le salut vient peut-être de l’Afrique !


Photo Umber Studio Elian Perrot


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