Après les déserts brûlants de sel du désert Ethiopien et l’ascension du volcan Erta Alle, un sublime retour au Népal sur mes pas de l’Everest, les fjords norvégiens, la Namibie enfin avec l’escalade du Spitkoppe le «Cervin de l’Afrique», mon petit groupe d’amis-clients-aventuriers m’avait demandé cette fois-ci de les emmener naviguer et skier au Groenland afin de perpétuer nos voyages extraordinaires.
Ce fameux «Greenland» découvert dans les années 600 par le viking Eric Le Rouge et nommé par lui «Pays Vert» pour attirer les colons, vert grâce à un bras du Gulf Stream égaré qui baigne quelque peu les côtes sud du continent. Car c’est un continent, mais bien un continent de glaces et de rocs où l’herbe est rase et rare, proche de la toundra, quand elle n’est pas recouverte de glace. Sans conteste, cet Eric Le Rouge était un bon «marketeur» avant l’heure...
En venant de Paris, il faut faire une escale à Copenhague, puis décoller le lendemain pour Kangerlussac, une ancienne base stratégique de l’OTAN datant de la guerre froide possédant une piste digne de ce nom, et prendre enfin un petit avion pour gagner Nuuk la capitale, où nous attend notre bateau. Tout cela prend un peu de temps, le voyage dure à peu près 48 heures, (il ne faut pas ce méprendre, la côte ouest du Groenland, c’est loin, le pays étant presque collé au continent américain), mais l’énorme décalage que procure les premiers pas dans ce village du bout du monde peuplé d’esquimaux inuit et où l’on s’attend à voir surgir un ours blanc à chaque coin de rue fait oublier la longueur du périple.
A Nuuk nous découvrons notre bateau La Louise qui nous attend au fond du port de pêche, coincé entre deux chalutiers rouillés, et Thierry Dubois son skipper qui vient nous accueillir sur le quai accompagné de sa seconde la jolie Allieth.
La Louise, c’est toute une histoire....Et une belle histoire!!! Son capitaine l’a construite de ses mains dans un hangar de la rivière d’Etel après avoir mis un terme à sa carrière de coureur océanique. Et Thierry n’est pas n’importe quel marin, puisqu’il a remporté la Mini Transat avant de parcourir 3 tours du monde et demi en participant à 4 courses autour du monde en solitaire.... Le demi tour du monde est dû à un sévère chavirage dans l’Océan Indien qui aurait pu très mal tourner. (Lire le récit dans le livre «Chavirés»). Quatre années de labeur pour aboutir à un bateau magnifique , une goélette de 60 pieds (18m30) où tout a été pensé et repensé pour organiser une expédition comme celle à laquelle nous allons participer .
L’objectif est de naviguer dans les fjords de trouver des mouillages abrités le plus proche possible de la berge afin de pouvoir débarquer facilement et partir skier, grimper, explorer. Ici, nous avons vraiment l’impression d’être des explorateurs....En effet pendant les 9 jours de notre périple, nous ne croiserons quasiment personne, seul un petit bateau de pêche venu nous aborder pour nous proposer du poisson alors que nous étions au mouillage près d’un hameau désert de quelques maisons.
Je ne vous raconterai pas ici toutes nos ascensions. Nous en avons réalisé une par jour, sauf en milieu de semaine où une rude tempête de sud ouest amenant grand vent et neige volant à l’horizontale, nous a forcé à rester toute une journée enfermés dans notre navire bien à l’abri au fond d’un fjord encaissé. Même si le manteau neigeux n’était pas très épais cette année, d’une façon tout à fait inexpliquée et au contraire de chez nous l’hiver a été plutôt doux au Groenland, nous avons toujours trouvé de la bonne neige en face nord avec quelques jolis couloirs descendant jusqu’à la mer. Chaque matin nous partions pour 800 à 1300 mètres de montée en peaux de phoque jusqu'à atteindre des sommets pour la plupart jamais gravis.... «où la main de l’homme n’a jamais mis les pieds», selon l’expression consacrée.... D’ailleurs nous en avons baptisé l’un «Pic La Louise» et l’autre «sommet Jean Maurel», en souvenir de notre camarade trop tôt disparu, voici un an déjà....
Redescendus jusqu’à la mer en début d’après midi, nous étions ramenés à bord par Allieth et son zodiac pour une brève collation prise en commun dans le vaste et confortable carré. Il s’agissait alors de choisir et gagner un nouveau mouillage propice à la randonnée du lendemain, ce que nous faisions la plupart du temps en utilisant le moteur car les vents sont souvent faibles et capricieux au fond des fjords.
La Louise est le bateau idéal pour ce genre de voyage. Le large cockpit est fermé par un abri en toile où l'on peut quitter ses chaussures de ski avant de descendre à l'intérieur. A bord tout est prévu pour faire sécher les affaires mouillées dans une penderie prévue à cet effet, un large et confortable carré permet de passer du temps agréable à lire, écrire ou deviser en écoutant de la musique. Les couchettes sont étroites mais douillettes, il y a une douche chaude pour ceux qui désirent se laver et un poêle ronronne en permanence pour maintenir une température correcte.
Le skipper est bien entendu compétent en navigation mais aussi, et c'est une bonne surprise, derrière les fourneaux, ainsi à bord de La Louise on est bien loin des sempiternels repas tout préparés des courses en solitaire....
A onze à bord, y compris l'équipage, nous craignions d'être serrés comme sardines en boîte, mais finalement il n'y en a rien été, grâce à l'excellente disposition des espaces de vie à bord.
A onze à bord, y compris l'équipage, nous craignions d'être serrés comme sardines en boîte, mais finalement il n'y en a rien été, grâce à l'excellente disposition des espaces de vie à bord.
Nous vous suggérons donc fortement de partir comme nous naviguer avec Thierry Dubois sur La Louise, en Norvège, en Islande ou au Groenland. Pour le joindre, c'est facile, il reçoit des mails et y répond à l'adresse suivante : dubois.solidaire@orange.fr
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